Alain Bloch
Professeur émérite à HEC, Alain Bloch a formé plusieurs générations d'entrepreneurs. Titulaire du PhD Management et IT de Dauphine, Saint-Cyrien, entrepreneur, professeur et titulaire d’une chaire au CNAM, il est l’un des co-fondateurs de l'emblématique master X-HEC Entrepreneurs.
Pourquoi nous rencontrer aux Invalides ?
AB : Parce que c’est l'un des plus beaux monuments de Paris. Mais aussi parce qu’il me rattache à ma formation militaire, Saint-Cyr, que je me suis marié à la cathédrale des Invalides et enfin parce que nous y avons enterré mon ami d'enfance, Olivier Dassault. Voilà 3 raisons pour lesquelles ce lieu a beaucoup de signification pour moi.
« Le droit à l’erreur : une clé pour l’innovation »
Le master valorise le "learning by doing". Quid en entreprise ?
AB : Peu de grandes organisations tolèrent l'échec. Tout le monde s'accorde sur la nécessité d'innover, mais dès qu'on échoue, on cherche des responsables. Le learning by doing c’est tester, échouer, recommencer, c’est le droit à l’erreur et ça, c’est pour moi la clé de l’innovation. C’est commun dans les start-up où l’on pivote facilement et je comprends que cela puisse être compliqué dans les grandes organisations, en particulier industrielles. Quand vous vous loupez sur un modèle de voiture ou d’avion, ça coute effectivement très cher !! Je connais néanmoins des entreprises industrielles très méritantes qui ont installé une culture du « droit à l’erreur » et qui performent.
Que retenez-vous de votre parcours d'entrepreneur ?
AB : Je suis devenu entrepreneur grâce à HEC Entrepreneur. J’étais patron des Pages Jaunes de FT, je voulais créer mon entreprise et j’étais apporteur de projets pour le master Entrepreneurs d’HEC. C’est dans ce contexte et avec l’aide d’étudiants du master que j’ai créé mon entreprise. Cette expérience a déconstruit chez moi le discours théorique sur l'entreprise. J’ai en effet compris que les connaissances tacites, par opposition aux explicites, se transmettent dans "le faire", dans l'apprentissage par l'action. On ne maîtrise pas certaines choses si on ne les fait pas. Cette pédagogie expérientielle, fondement du programme X-HEC est fondamentale.
Pourquoi avoir rapproché X et HEC ?
AB : Dans la Silicon Valley, s'il n'y a pas de technologie dans le projet, on ne le regarde même pas. Notre faiblesse résidait dans le fait que nos étudiants n’étaient pas assez « orientés tech ». L’arrivée de l'X nous permet d'attirer bien plus d’ingénieurs. Depuis, les projets sortis du programme sont plus techno. Nous avons eu de très belles réussites comme Doctolib. Je suis convaincu que les licornes de demain seront des succès avec une dimension technologique forte.
Quelles sont vos 3 convictions RH ?
AB : Le manager est un producteur de sens. Il doit avoir une vraie écoute, et pas juste de circonstance. Enfin, je crois au leader humble et modeste. Face à l'incertitude, il est important de savoir dire : je ne sais pas !