Jeremy Lamri
C’est avec Jeremy Lamri, CEO de Tomorrow Theory, co-fondateur de Le Lab RH et auteur, que j’ai le plaisir d’échanger sur ce sujet. Nous nous sommes retrouvés au café l'Entracte, près de l’Opéra Garnier.
Jeremy, pourquoi ce lieu pour notre interview ?
JL : Ce lieu compte vraiment parce que c’est ici que j’ai eu ma première interview avec un journaliste pour parler de mon travail. C'était le premier signe de reconnaissance extérieure que je recevais pour mon engagement.
Tu as un véritable parcours d'entrepreneur et d'innovateur au service de la fonction RH. Selon toi, quel doit être le rôle des RH face à l'arrivée de l'IA dans les entreprises ?
JL : L'IA est désormais capable de prendre en charge certaines activités et de faire gagner du temps, mais cela ne signifie pas que le métier est remplacé ni que le collaborateur n’a plus d’emploi. Le devoir des RH est d’anticiper les impacts et de travailler main dans la main avec les équipes sur l'intégration de cette technologie et sur la manière de continuer à créer de la valeur.
« Il y a un fantasme autour de l’IA et du futur du travail »
Tu évoques souvent "Les 4C", les compétences à acquérir pour s’adapter au nouveau monde qui s’ouvre à nous du fait de l’arrivée de nouvelles technologies. Peux-tu développer ?
JL : Ce sont les 4 compétences du XXIe siècle : la créativité, l'esprit critique, la collaboration et la communication. Si le diplôme pouvait être synonyme de performance au XXe siècle, c’est de moins en moins vrai. Ce qui compte désormais c’est la capacité d’adaptation. Ces compétences sont les bases de la performance professionnelle et de l'intelligence collective.
Pourquoi la technologie ne conduira pas à supprimer massivement des emplois ?
JL : Le sujet n’est pas la technologie, dont on ne pourra jamais stopper l’évolution, mais la façon dont nous allons l'utiliser. Prenons l'exemple des supermarchés. Cela fait des années que nous pourrions remplacer les caissiers par des machines. Au-delà du fait que nous ne sommes pas prêts à interagir uniquement avec des robots, nous ne le faisons pas parce qu'il existe aussi un pacte social entre les entreprises et l'État. Il faut en effet travailler le sujet de l’employabilité avant de déployer des technologies à grande échelle.
C’est un sujet dont les entreprises doivent s’emparer rapidement pour rendre accessibles au plus grand nombre, tous les nouveaux métiers qui vont se créer et qui vont nécessiter des niveaux de formation plus élevés.
Quelles sont tes convictions RH ?
-« L’économie des compétences » s’imposera comme le nouveau cadre du talent management de demain.
-Le RH de demain devra être libéral ou sous droit d’exercer, comme les avocats ou les médecins.
-La « pensée design » doit devenir la nouvelle compétence des RH pour qu’ils intègrent les enjeux de « change management » en amont de toute transfo.
Merci beaucoup Jérémy.
baryon