Brigitte Pisa

Vice Présidente chez Agirc-Arrco
Écrit par Jean-Marc Morawski – 02 Septembre 2025

Brigitte Pisa, première femme à la tête de l’Agirc-Arrco depuis sa création, partage son parcours, sa vision du collectif et ses convictions RH. Un échange clair, direct et engagé. Issue du privé, elle évolue depuis des années dans l’univers du paritarisme.

Sa ligne ? Transformer sans imposer. Son moteur ? Le collectif. Son style ? Franc, exigeant et profondément humain.


Brigitte Pisa et Jean-Marc Morawski.

Comment décririez-vous le paritarisme ?

BP : Le paritarisme est un modèle de gouvernance exigeant et profondément efficace. Dans cet univers, on ne décide pas entre soi, mais ensemble. De ce fait, le système oblige à coopérer avec des personnes qui sont pour la plupart désignées, issues de mondes différents, avec des intérêts parfois opposés. Pour chaque projet, il est nécessaire de construire des alliances, de trouver un cap commun, et d’embarquer tout le monde. C’est politique, au sens noble du terme. Ça demande de l’écoute, de la confiance, et beaucoup de travail. Ce cadre nous pousse à sortir de sa bulle, à écouter vraiment pour trouver des solutions acceptables pour tous. Ce n’est pas du consensus mou. C’est une capacité à construire des décisions solides, durables, parce qu’elles ont été construites collégialement et partagées dès le départ. À l’Agirc-Arrco, plus de 98 % des décisions sont prises à l’unanimité. C’est une force collective qui crée de la confiance et de la stabilité pour l’institution.

« Ce ne sont pas les jeunes le problème, c’est nous ! »
— Brigitte Pisa

Comment faire émerger des talents ?

BP : C’est ma marque de fabrique. Je repère, je forme et je fais grandir. Je les pousse à prendre leur place et les accompagne quand ils prennent plus de responsabilité. Le but, c’est qu’ils puissent « voler de leurs propres ailes », en toute autonomie.

Quel est votre regard sur les jeunes et leur engagement dans le monde du travail ?

BP : Les jeunes aiment bosser, apprendre vite, s’investir. Ils changent de projet ? Tant mieux. Ils avancent, ils s’adaptent. Ce qu’il leur faut, ce sont des repères, des clés, pas des jugements. Il faut que nous sachions leur transmettre les codes : ceux de l’entreprise, de l’organisation, du pouvoir. Ce sont ces codes qui permettent de comprendre le jeu… et d’y jouer. Ce ne sont pas les jeunes le problème, c’est nous. À nous de créer les conditions pour qu’ils s’émancipent et surtout leur faire confiance, leur donner les moyens, leur ouvrir des portes. Et pour les femmes, c’est encore plus vrai. Il faut les accompagner vers l’autonomie, leur donner les outils pour être libres et rester libres. Pas seulement en parole, mais dans les faits.

Quelles sont vos 3 convictions RH ?

BP : Le collectif, toujours : on ne change rien entre initiés. On change en rassemblant autour d’un intérêt commun. La confiance, surtout : les gens restent quand ils ont envie d’être là. Respect, loyauté, cohérence : non négociables. Une règle d’or : on ne fait pas le bien des gens contre leur volonté.

Merci Brigitte Pisa

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Pierre Gattaz