Pierre Gattaz
Pierre Gattaz, ancien président du MEDEF et de BusinessEurope, fervent défenseur de l'entreprise et de l'emploi, partage ses convictions.
À la tête de Radiall depuis 1994, il a transformé l'entreprise familiale en un acteur mondial. Il poursuit aujourd'hui son engagement via les associations Y Croire et L'Institut des Solutions.
Quel est votre regard sur l'emploi des jeunes ?
PG : Malgré tous les efforts accomplis sur l'apprentissage, il faut aller beaucoup plus loin. En Suisse, 77% des 15-17 ans sont en apprentissage, avec des passerelles entre filières qui conduisent vers des parcours d'ingénieur ou entrepreneur. L’apprentissage est la filière d'excellence. Il faut cesser d'orienter des jeunes vers des filières universitaires qui mènent au chômage. Arrêtons le carnage !
« ll faut arrêter les conneries ! »
Que diriez-vous de l'image de l'entreprise en France ?
PG : L'entreprise est caricaturée en France, notamment sur les profits et dividendes. Dans aucun des autres pays de l'OCDE il y a un tel mépris de l’entreprise. Pourtant, nos patrons sont formidables. En allégeant le poids des charges et des normes ils redeviendront champions du monde. Je dis cela et en même temps, je me désespère quand je vois que face à la dette, le 1er réflexe est de taxer davantage les entreprises. Ce n'est plus possible. Il faut arrêter les conneries !
Quel est votre avis sur l'emploi des seniors ?
PG : Les jeunes apportent innovation, les seniors sagesse et expérience. Créer des binômes est crucial pour la transmission des savoirs. Il est inacceptable de faire partir les seniors si tôt. S’il y a un sujet de compétitivité, inspirons-nous des pays qui plafonnent leurs charges sociales pour les séniors à partir d’un certain niveau de salaire. Il faut tenir compte de beaucoup de critères et en particulier de la pénibilité mais il est nécessaire de travailler plus longtemps.
Peut-on alléger les charges sans fragiliser le social ?
PG : On augmente le cout du travail pour maintenir un modèle social à bout de souffle et le pouvoir d’achat diminue. Il y a d’autres pistes. Cela fait 40 ans que nous ne gérons pas nos dépenses publiques. Intégrons les méthodes de management des entreprises au sein de l'administration pour plus d’efficacité. Lorsque j'étais président du MEDEF, j'avais proposé qu'un chef d'entreprise soit numéro 2 de chaque administration pour y insuffler ce management opérationnel, malheureusement sans succès.
Votre réaction aux annonces DEI du Président US ?
PG : L'entreprise est un formidable moyen d'intégration. Chez Radiall, la diversité de confessions et de nationalités est une réalité. Nous en sommes fiers et nous continuerons dans cette voie.
Quelles sont vos 3 convictions RH ?
PG : Former en permanence sans craindre de rendre ses collaborateurs meilleurs que soi : c'est la clé du succès. Aimer les gens pour bien les manager.
La confiance, être cohérent avec ses valeurs et expliquer clairement ses choix.
Merci Pierre Gattaz !